Varanasi (suite)

Ma premiere journee a Benares fu marquee par mon tout premier cours de tabla. C'est l'une des percussions tradionnelles de l'Inde, qui accompagne souvent une Sitar, une sorte de guitare, au son tres particulier. Je me suis inscrit dans une ashram, dans laquelle je vais pratiquer pendant une semaine, a raison de deux cours par jour. Ce qui semble etre juste suffisant pour apprendre les bases. En plus de la maniere inhabituelle de taper la peau, le rythme change. On n'est plus sur du deux, trois ou quatre temps, mais on peut monter jusqu'a 22 temps, ce qui n'est pas aise. Le premier conseil que m'a donne mon prof fut de me retirer le metronome de la tete. On vera ce que ca donne dans quelques jours, mais j'apprends plus pour decouvrir de nouvelles sonorites que pour m'y mettre vraiment, car pour maitriser cet instrument, il faut apparement le pratiquer au moins pendant trois annees a temps plein. Le resultat est alors surprenant.

Ca y est, j'ai demenage. Je suis passe de la chambre a demi encaissee, sans lumiere naturelle a la piece sur le toit, toute neuve, face au Gange. Il me suffit de lever la tete pour embrasser d'un seul regard le fleuve et la ville. C'est magnifique. J'y resterai bien plus longtemps que prevu. Au calme, dans une maison de musicien, avec une vue splendide, et en meme temps Benares est une ville qui bouillone, ou la journee les rues etroites sont encombrees, ou les odeurs d'epices se melangent a celles des vaches.

Et elles sont bien presentes ces vaches. Ou plus exactement des buffalos. Des boeufs enormes, qui parfois bloquent a eux seuls la rue. Ils nourrissent de ce qui trainent dans les rue. J'en ai vue manger des journaux, ou pire, des sacs plastiques. Elles semblent totalement indifferentes a toute l'agitation qui regne autour d'elles, deambule nonchalement aussi sur les grandes arteres que dans les venelles etroites, et vont parfois se rafraichir dans le Gange. Et c'est la elles aussi qu'elles finiront. Leur carcasse d'animal sacre est jetee dans ce fleuve, pur et sale a la fois.

Hier soir, petit concert prive de sitar et de tabla. Je me suis retrouve, avec quelqu'un de mes voisins de chambre, dans la maison en contre bas de la guest house. Elle appartient a un anglais qui vit la depuis 35 ans, et qui depuis joue de la sitar. Longue barbe blanche, habille a l'indienne, il nous recoit dans une petite piece ou se trouve un ami a lui, un joueur de tabla. On s'entasse, la performance va commencer. Il allume son shilom, en tire quelques bouffees, et commence un raga. J'ai alors failli eclater de rire, de meme que quelques unes des personnes presentent. Je ne le savais pas, mais jouer de la sitar tend entraine enormement de tension dans le corps, ce qui implique que les joueurs ont des mimic faciales des plus extravangantes. On sent a quel pont il vibre avec sa note rien qu'avec les traits de son visage. Je ne m'y attendais pas du tout, et j'ai du arreter de le regarder jouer pendant quelques minutes pour ne pas pertuber le concert. Mis a part ca, ils jouaient plutot bien.